•               Hatsouti va bientôt rencontrer les artisans de Pharaon............

    Chapître II 

      

    La lueur des torches éclairait faiblement la salle basse, le pla- 

    fond noir ne renvoyait aucune lumière et Sobkéré avait mal aux 

    yeux. Le long des parois sombres, il rectifiait les dessins de ses 

    assistants sur les quadrillages rouges. Les proportions du corps 

    humain devaient être respectées scrupuleusement, suivant les 

    règles établies. Il en allait de sa fonction de chef des peintres de 

    l’équipe de gauche. 

    Sobkéré était un homme dur et massif. Ses yeux éternelle- 

    ment plissés sous d’énormes sourcils trahissaient son habitude à 

    vivre dans le noir. Dépourvue de fantaisie, il était coléreux et 

    jaloux de la réussite de ses voisins. 

    Il habitait le lieu de vérité avec sa famille, et son talent de 

    peintre était respecté par tous. Il avait trois fils qui travaillaient 

    aussi comme peintres affectés à la décoration des tombes royales 

    de la vallée : Hapouriré l’aîné, Pakhéri et Nackhtibo le cadet. Il 

    avait aussi une fille plus jeune, du nom de Tifet. Par une déroga- 

    tion exceptionnelle et entre deux autres chantiers, il travaillait 

    pour une fois hors de la vallée des rois, pas très loin du grand 

    temple d’une ancienne reine au nom oublié, à la décoration de la 

    tombe du scribe royal de Ramsès : Djehoutymès. Pour l’instant, 

    occupé par les peintures de la première salle, il représentait le 

    futur défunt en adoration devant les gardiens des portes inferna- 

    les suivant le chapitre du livre des morts. Ses fils, plus bas dans 

    le complexe funéraire, décoraient le linteau d’une porte repré- 

    sentant une barque solaire que Nout, la déesse du ciel, prenait 

    dans ses bras. 

    Sobkéré posa ses brosses dans une coupelle et descendit voir 

    le travail de ses fils, en empruntant un long couloir qui 

    s’enfonçait profondément en forme de spirale. La chaleur était 

    étouffante, et le manque d’air ne permettait pas de travailler 

    longtemps en ces lieux. 

    — La proue de la barque est trop longue et la peinture man- 

    que de liant, elle est sèche, ça ne tiendra pas. Reprenez-moi 

    l’ensemble ! 

    Mais père, la chaleur sèche nos couleurs avant l’application, 

    répondit Nackhtibo. 

    Une gifle l’envoya contre le mur. 

    — Humidifiez le support et ajoutez du liant. Combien de 

    fois, je devrai le répéter ! 

    Sobkéré reprit le chemin de la sortie en grommelant. L’air 

    pur devant le pylône d’entrée remplit ses poumons, et il soupira 

    d’aise. Un chargement de pierres taillées provenant du temple de 

    la reine passa devant lui ; Ramsès utilisait le site comme carrière 

    pour agrandir son temple de la rive ouest de Thèbes. Le peintre 

    préférait travailler sur les façades des temples plutôt que dans la 

    chaleur insupportable des tombes. Il sentait ses yeux faiblir à la 

    lumière vacillante des torches et avait de plus en plus de mal à 

    respirer dans les profondeurs. Il regarda un instant les sculpteurs 

    travaillant sur les statues en grès adossées aux piliers et à 

    l’effigie de Djehoutymès. 

    En redescendant sur son lieu de travail, il croisa des ouvriers 

    qui remontaient vers la sortie après avoir enduit de mouna les 

    murs du caveau, Sobkéré ayant trouvé le calcaire trop friable 

    pour appliquer sa peinture. Ses fils, occupés à rectifier la décora- 

    tion du linteau, le regardèrent passer. Après avoir parcouru le 

    long couloir en pente, il pénétra dans le caveau. Les murs étaient 

    humides d’enduit, mais le plafond pouvait être peint. Dépliant 

    un rouleau de papyrus sur la table reposoir, il l’éclaira de sa tor- 

    che. Sur le plafond, il devait écrire tous les titres de Djehouty- 

    mès, d’Isis son épouse, et d’Imenmès son père. Il poussa un ju- 

    ron et prépara son matériel. Encore une fois, la peinture lui 

    tomberait dans les yeux. 



    A bientôt et merci de vos passage ! 







     
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  •                      La fondation d'un temple donnait lieu à une cérémonie au cours de laquelle on déposait dans un soubassement de l'édifice ou dans une niche des objets en modèle réduit, répliques de ceux servant à la construction : des traîneaux pour le transport des pierres, des herminettes, des houes et des couteaux. En effet, l'architecture de pierre concerne exclusivement les édifices funéraires et religieux; L'Egyptien bâtit pour l'éternité et se moque que ses maisons et ses palais ne soient faits que de briques crues car la vie sur terre n'a qu'un temps, celle dans l'au-delà sera éternelle. Pyramides, mastabas, temples, obélisques, sont donc faits de calcaire et de granit extraits des riches carrières du pays.

                         Le modèle de traîneau que je vous présente a été fabriqué par Gérard en eucalyptus, il mesure 15 cm de long, 8 cm de large et 5 cm de hauteur, l'original a été retrouvé au Temple de Deir al-Bahari, datant de 1500 av J.c

                         Ces traîneaux servaient aux transport des pierres. Ces pierres étaient déjà déplacées sur des rondins de bois pour les tracter jusqu'à une longue rampe de terre damée qui menait au Nil puis transférées sur ces traîneaux, on imagine le travail colossal que cela devait être !  
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  •              Hatsouti va perdre sa mère.........un extrait de la page 20


      

    Fama marmonnait sans cesse, en prêtant l’oreille, Hatsouti 

    s’aperçut qu’elle invoquait ses dieux : Satet et Dedoum. Sa mère 

    était restée fidèle aux anciens dieux de la Nubie. Doucement, 

    son cœur usé ralentit sa cadence, et à l’aube, il refusa d’aller 

    plus loin. Elle mourut calmement, son fils près d’elle. 

    Le convoi funéraire qui rejoignit la porte sud pour accéder à 

    la nécropole du village était suivi par une nombreuse population. 

    Fama était la conteuse des histoires anciennes et connue de tous. 

    Un groupe de pleureuses précédait la morte à grand bruit, se 

    barbouillant le visage de sable, et se tirant les cheveux. Hatsouti 

    remarqua Abar parmi elles. La nécropole, à la limite du désert, 

    était composée de tombes circulaires en forme de puits. Les em- 

    baumeurs venaient rarement au village, personne n’ayant les 

    moyens de payer leurs services. Fama fut donc déposée au fond 

    du puits, la tête à l’ouest et les pieds à l’est, une brique derrière 

    la tête et une de chaque coté, la statuette de Dedoum sur la poi- 

    trine et une peau de mouton sacrifié sur son corps. Le puits fut 

    refermé. 

    À partir de ce moment-là, Hatsouti devint taciturne. Entre les 

    travaux des champs, et l’occupation que lui donnaient les quel- 

    ques chèvres de sa mère, il semblait absent. Idjou travaillait chez 

    Ouni le potier, et Abar peignait des décors sur des coupelles ou 

    des vases. Ils retrouvaient Hatsouti le soir dans la maison, et 

    Abar faisait cuire du pain dans le vieux four de Fama. Le temps 

    s’écoulait et la saison de Shemou approchait. Un soir, Hatsouti 

    invita Idjou et Abar sur sa terrasse. Il leur confia : 

    — Je n’éprouve aucun intérêt pour les travaux des champs, et 

    mon cœur est triste. Je vais partir, et voir les hommes qui creu- 

    sent la montagne à Abou Simbel. J’aurais voulu que tu viennes 

    avec moi Idjou, mais je sais que tu refuseras. 

    — Je vais me marier avec Abar et elle porte notre enfant ! 

    Ma place est ici. Mais que vas-tu faire seul et si loin ? 

    — Je vais trouver du travail ; j’ai vendu les chèvres de ma 

    mère à Imonsou le berger et je voudrais que tous les deux vous 

    veniez habiter dans ma maison. Je suis heureux pour vous ; vo- 

    tre enfant sera fort.  

    Merci de votre visite, à bientôt !

     

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  •                 Ces statuettes sont apparues dans les sépultures du Moyen empire et au début de la XVIIIème dynastie sous forme d'un exemplaire unique, voire d'une paire. Chaque tombe contient plusieurs coffrets d'ouchebtiou ou "répondants" dont la mission est d'accompagner le défunt pour effectuer dans l'au-delà les tâches qui lui incombent; Mais le nombre de ces corvéables a considérablement augmenté au cours du Nouvel empire, puisqu'il atteint, par exemple dans la tombe de Toutankhamon, un effectif de 417. A la XIXème dynastie, la différence entre roi et particulier s'atténue et sous Ramsès II, même la classe moyenne se dote de chaouabtiou.

    Le chiffre idéal de 365 figurines (une pour chaque jour de l'année) auquel s'ajoute une quarantaine de chefs d'équipe, est en fait rarement respecté.
    En général, au Ramesseum, sous la troisième période intermédiaire, les ouchbtiou momiformes, à l'image de l'Osiris défunt, tiennent en main des houes et ont, sur l'épaule ou dans le dos, un panier, tandis que les chefs d'équipe, représentés en vivant, portent le fouet; Un point leur est commun : le serre-tête noué à l'arrière.

    En voici un exemplaire que nous avons fabriqué en plâtre et patiné en bleu. 
    Il mesure 11 cm.

     Ces ouchebtiou, en fritte glaçurée pour les plus beaux ou en terre crue ou cuite, se présentent sous des aspects très variés. Pour satisfaire les exigences, les ateliers appelés à les produire en grande quantité adoptérent plusieurs procédés de fabrication. Les petits personnages en terre sont entièrement ou partiellement moulés et, dans ce cas, c'est le dos qui sera hâtivement lissé aux doigts. Mais il existe encore des séries plus primitives, au corps étiré (comme notre exemplaire) et où seul le visage porte les traces d'un moule très sommaire. Ils sont souvent colorés en bleu turquoise, couleur de deuil.
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  •                   Aujourd'hui, avec un petit bouquet de fleurs de pommiers sous un magnifique ciel bleu......un autre extrait des aventures de Tifet et Hatsouti en Egypte.

      

    — J’ai aidé Ouni à préparer les jarres pour prendre de l’eau. 

    — Oui, il a frotté tout l’intérieur avec des amandes amères 

    écrasées pour purifier l’eau, ajouta Abar d’un air guilleret. 

    Hatsouti n’aimait pas cette fille qui profitait de sa beauté 

    pour se montrer insolente et moqueuse, mais en vérité, et il le 

    savait, il perdait tous ses moyens face à elle. 

    — Ouni le potier se débrouille sans toi d’habitude. 

    — Peut-être, mais en ce moment, il a beaucoup de travail et 

    de toute façon, j’aide qui je veux, s’insurgea Idjou. 

    — Mon père avait besoin de quelqu’un de fort, pas d’un 

    gringalet comme toi, ajouta Abar. 

    Hatsouti se raidit sous l’insulte. 

    — Je suis le meilleur lanceur de harpon du village, et je peux 

    vous le prouver n’importe quand ! 

    — On veut bien te croire, mais Idjou est quand même plus 

    fort que toi ! 

    — Hatsouti est comme mon frère, Abar, arrête de le provo- 

    quer, intervint Idjou un peu embarrassé. 

    Les jarres une fois remplies d’eau et chargées, Idjou et la 

    jeune fille reprirent la route de l’atelier du potier en poussant 

    l’âne. Abar se retourna et adressa un grand sourire à Hatsouti. Sa 

    longue tunique moulante, d’un bleu turquoise, ne dissimulait pas 

    grand-chose de ses formes avantageuses et Hatsouti la regarda 

    s’éloigner de sa démarche féline. 

    Les jours suivants, Idjou revint travailler avec Aroutef pour 

    mettre en place la grosse rame qui servirait à diriger 

    l’embarcation dont la construction touchait à sa fin. Il ne restait 

    plus que le gréement et la grande voile carrée à positionner. Hat- 

    souti entreprit de peindre un œil-oudjat1 à la proue de la felou- 

    que dans un joli bleu ainsi que la barre de gouvernail qu’il déco- 

    ra de signes géométriques. 

                                                               

    1 

     Œil-oudjat : Signifiant en égyptien « celui qui est en bonne santé », l’oudjat 

    est symbole de bonne santé, de fécondité, et de voyance. Il symbolise égale- 

    ment la plénitude retrouvée, celle de l’œil d’Horus, soigné par Thot, celle de 

    l’Égypte réunifiée, celle d’Osiris revenu à la vie. L’oudjat est représenté par 

    un œil fardé sous lequel est placé le signe du faucon. 


    A la prochaine fois !  

     

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