Aujourd'hui, j'ai envie de vous raconter
une histoire ! celle d'Hatsouti, le Nubien et de Tifet, l'Egyptienne, qui se sont rencontrés un jour, au temps de Ramsès II et qui vont vivre des aventures dans cette fabuleuse Egypte, amour,
haine, fuite, combats, vengeance......Je vais vous proposer au fils des jours un petit bout de ce roman, pour vous donner envie de le lire et de vous laisser emporter vers ce pays d'où l'on ne
revient pas indifférent...........
"Le dieu-lune Khonsou se reflétait dans le rivage incertain du Nil. Dans les eaux peu profondes, son image
se brouilla complètement sous les efforts du poisson piégé pour se libérer. Le tilapia ne vit pas venir la mort, le harpon le traversa de part en part. Hatsouti poussa un cri de joie :
_Et de trois ; celui-là est encore plus gros !
Le jeune garçon regagna la terre sableuse, s'assit, et prenant le poisson par les ouïes, dégagea son harpon. Face au Nil en crue, par cette nuit claire, il pensa à son père disparu
un soir de pêche sur les eaux gonflées, il y avait de cela quatre saisons.
Hatsouti n'était pas d'un caractère triste, bien au contraire, à quinze ans, il était vigoureux, ses traits réguliers et fins rappelaient certaines statues abandonnées de
dynasties anciennes, ses cheveux en mèches entortillées de couleur ébène, formaient une perruque naturelle tombant sur ses épaules. Excellent pêcheur et chasseur, Hatsouti était le meilleur
lanceur de harpon de son village. Il se leva, jeta le sac de poissons sur son dos, et sentit l'eau dégouliner entre ses épaules ; il frissonna, il était temps de rentrer au village. A cette
heure, les crocodiles pouvaient se montrer dangereux, sa mère lui avait déjà conté de nombreuses histoires à ce sujet.
Le village était composé de petites maisons basses en briques crues assemblées grâce au limon apporté par le fleuve. Il était entrecoupé de petites ruelles encombrées de chèvres et
de moutons, les habitants y profitaient de la fraîcheur du soir pour vaquer à leurs occupations. Beaucoup de ces maisons possédaient un étage en terrasse avec quelques feuilles de palmiers pour
se protéger du soleil. C'est là qu'Hatsouti préférait dormir, allongé sur un banc, face aux étoiles.
Le silence régnait sur le village ; seuls au loin, quelques chacals devaient se disputer une carcasse dans le désert environnant. Pourtant, ce soir, le sommeil ne venait pas
; d'autres regardaient vraisemblablement toutes ces étoiles en même temps que lui, dans un autre village, le long de ce grand fleuve. Sa soif d'apprendre et sa curiosité le dévoraient. Du haut
de sa maison, son village lui paraissait bien petit. Il entendit sa mère tousser dans la pièce du rez-de-chaussée, il se retourna pour trouver une position confortable et attendit le matin.
Quand il ouvrit les yeux, le soleil commençait déjà sa bataille quotidienne contre les ombres. Le temps de réajuster son pagne, il descendit le petit escalier de
pierre ; sa mère et sa tante préparaient des galettes de pain dans le four de la courette d'entrée.
- Bonjour mère, as-tu trouvé mes poissons d'hier soir ?
- Oui, mais ne pourrais-tu nous ramener des canards pour changer !
- Il n'y en a plus beaucoup en ce moment, trop de soldats les chassent. - Depuis que Pharaon fait construire son grand temple à Ybsamboul,
les soldats sont de plus en plus nombreux, les collecteurs d'impôts épuisent nos provisions et nous brutalisent.
Hatsouti hocha la tête et sortit dans la ruelle, Fama sa mère en voulait beaucoup aux Egyptiens, elle les croyait responsables de toutes ses difficultés depuis la mort
de son époux. Quant à lui, il préférait vivre parmi les Egyptiens plutôt qu'avec les sauvages du pays de Koush.
La suite au prochain
numéro. A bientôt !
aujourd'hui 41° au Caire !!!